Des Symphonies d'Arlequin

Des Symphonies d'Arlequin Bulldog continental

Bulldog continental

Origine de la race

Le Continental par Imelda Angehrn

Le Continental par Imelda Angehrn

Continental Bulldog – Contexte historique

Imelda Angehrn le 06 mars 2011



 Avons-nous besoin d’une nouvelle race ?



 Besoin certainement pas ! Envie surement !



Image d'illustration "Crib et Rosa"



Depuis toujours  les chiens brachycéphales fascinent les êtres humains. Une tête de chien en céramique à chanfrein ou museau court datant de l’époque du bronze a été découvert au Proche-Orient et des archéologues ont mis à jour dans des fouilles effectuées au Pérou des représentations d’un chien à museau court en argile cuite appelé Chincha Bulldog par Hilzheimer (1937).



On a également découvert le squelette  d’un chien brachycéphale de la taille d’un Carlin.



 On peut dès lors se demander pourquoi les brachycéphales fascinent tant les êtres humains. Force est de constater que de nombreuses personnes souhaitent un chien pas trop grand, à museau court, de morphologie correcte et sans problèmes de santé programmées.



 Le Continental Bulldog répond en tous points à ces désirs.



 Excès d’hypertypes



 Aucun éleveur de Bulldogs honnête ne pourra nier que l’élevage du Bulldog Anglais a connu quelques dérives au cours des cent dernières années.



Autrefois le Bulldog Anglais était un chien vif et endurant. L’idéal était représenté par les deux chiens « Crib » et « Rosa » peints par A. Cooper en 1817.



C’était des chiens hauts sur pattes à la morphologie plus élancée que massive qui ne se différenciaient du Old English White Terrier (plus tard Bullterrier) encore très répandu à l’époque, que par leur tête ronde et leur mâchoire supérieure raccourcie.



 Lorsque les combats d’animaux ont été interdits en Angleterre en 1835, les Bulldogs avaient fait leur temps.



En raison de leur agressivité à l’encontre des autres chiens, ils n’étaient pas admis dans les expositions canines qui commençaient à se répandre. Ce but aurait certainement aussi pu être atteint sans la modification de l’aspect extérieur du chien, mais les éleveurs étaient manifestement d’avis que plus le chien serait gros et lourd, plus il serait pacifique. Le standard de 1865 exigeait que le tour de tête soit d’au moins 50.8 cm, ce qui donnait libre cours à un non-sens anatomique…



 De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cet état de fait. Le célèbre juge Edgar Farman s’est exprimé avec sévérité dans sa monographie sur les Bulldogs, parue en 1899 contre cet élevage complétement erroné et il a rendu attentif à l’importante mortalité des chiots, aux difficultés de mise bas et à la baisse de la fertilité des chiennes. C’était il y a plus de 110 ans !



Tous les éleveurs n’ont pas approuvé l’exagération  des caractéristiques typiques de la race du Bulldog qui sont intervenues au 20ème siècle et certains ont tenté de respecter l’ancien type « Crib-Rosa ». En 1930, il y avait en Suisse des Bulldogs Anglais avec une brachygnathie supérieure très limitée. C’est ce qu’attestent des crânes qui figurent dans la collection Albert Heim.



En 1971 David Leavitt, éleveur Américain de Bulldog anglais a commencé un élevage d’un type de Bulldog plus léger et plus sain. Son objectif était de reconstituer l’ancien Bulldog, à savoir un chien plus haut sur pattes, avec une plus petite tête, un brachygnatisme limité et une queue droite. Il a accordé une grande importance au comportement social de ses chiens. Il a ainsi crée un chien appelé « Olde English Bulldog » qui a connu toujours plus d’adeptes. Etant donné que longtemps il n’y avait pas de standard de race et que personne ne s’est sérieusement intéressé à engager une procédure de reconnaissance jusqu’à ce jour aucune image uniforme de la race n’a pu s’imposer.



Du point de vue de leur phénotype, les chiens présentent de grandes variations. De nouveaux noms de race et de types sont constamment crées et il existe de très nombreux registres (officiellement non reconnus) consacrés à leur élevage. Toutefois, justement en raison de ces disparités, l’OEB dispose encore d’un patrimoine génétique très vaste qui peut être utilisé pour l’élevage.



Le retour en arrière.



 Dans l’ouvrage « Rasseportrait English Bulldog » (Kynos Verglas 1993), je me suis exprimée en faveur de l’élevage d’un type de Bulldog plus sain et j’ai insisté sur le fait que de nombreux juges ne jugeaient pas conformément au standard et préféraient des chiens trop lourds, massifs, avec des têtes surdimensionnées et courts sur pattes, aux chiens plus légers et plus mobiles. Nombreux sont ceux qui estiment qu’une queue en tire-bouchon ou même l’anourisme sont conformes au standard…



A l’époque déjà, pour assurer la survie de la race, j’avais instamment demandé qu’on abandonne ces objectifs d’élevage tout à fait erronés qui empêchaient le Bulldog de mener une vie en accord avec les besoins de son espèce. Tout devait être mis en œuvre pour élever des chiens en bonne santé et pour lutter contre l’excès d’hypertypes.



 On ne saurait admettre que pratiquement toutes les chiennes doivent mettre leurs chiots au monde par césarienne. Seules quelques exceptions confirment la règle…



De nombreux éleveurs affirment que la chienne amis bas normalement si, par exemple, les premiers chiots sont venus au monde de façon naturelle et que l’opération n’est nécessaire que sur les suivants. Mais même une césarienne « partielle » n’est pas une naissance normale. Si les césariennes n’étaient pas devenues une opération de routine, le Bulldog Anglais n’existerait pas dans sa forme actuelle.



 La charte d’élevage doit être la suivante : « tout d’abord la santé, ensuite un comportement social et typique de la race et seulement en 3ème lieu la beauté ».



Mais avec la population de Bulldog largement répandue aujourd’hui dans le monde, un retour à un élevage favorisant un type plus léger, moins chargé ; tel que l’a peint, par exemple, Richard Strebel, peintre animalier en 1900, n’est plus possible. Les allèles disparus en raison de sélections effectuées dans la population au cours de plusieurs décennies et durant des générations ne sont plus récupérables… La voie mène obligatoirement à des croisements entre des types parents et semblables.



 En ma qualité d’éleveuse enthousiaste et de longue date de Bulldog Anglais, qui me suis toujours astreinte à élever un Bulldog plus léger et plus sain, je me suis sentie poche du travail effectué en Amérique par David Leavitt qui je connais et que je suis. Lorsque la Société cynologique Suisse a donné son accord pour effectuer des essais de tels croisements, j’ai recherché des géniteurs appropriés en Amérique et plus tard j’en ai également trouvé ici en Europe.



 Au départ, l’objectif de ces croisements n’était pas de créer une nouvelle race, mais uniquement de créer un Bulldog plus sain.



 Le Continental Bulldog est né.



 Lorsque le Club Suisse du Bulldog Anglais (CSBA) et la Commission de travail pour les questions d’élevage (CE) de la Société cynologique Suisse (SCS) ont donné leur accord le 06 décembre 2000 pour effectuer des portées croisées à titre d’essai entre Bulldog Anglais et Old English Bulldog, une pierre fondamentale venait d’être posée pour le Continental Bulldog.



 Le but des croisements était d’améliorer sensiblement la santé du Bulldog Anglais en réduisant les hypértypes spécifiques de la race qui empêche le chien d’avoir une vie en conformité avec son type de « prédateur-marcheur ». Le chien doit rester un Bulldog typique et conserver les particularités caractéristiques incontestablement bonnes au Bulldog Anglais. Grâce à une morphologie anatomiquement correcte, sans tête surdimensionnée et des épaules trop larges, il devait être possible d’avoir à nouveau des naissances normales. Au cours des discussions animées concernant le Pour et le Contre de tels essais, l’éminent cynologue Dr H.C Hans Räber avait expressément rendu attentif au fait qu’ici aussi il ne serait pas possible de modifier quelques caractères isolés dans un corps à structure anatomique malsaine, sans toucher à l’aspect extérieur. Le chien doit être considéré comme un tout. Des modifications significatives d’un caractère entrainent obligatoirement des modifications d’autres caractères. Si l’on veut obtenir une amélioration durable des problèmes de santé du Bulldog Anglais (difficultés respiratoires, difficultés de mise bas, fréquence de collapsus par temps chaud, entre autres) on aboutira finalement à une nouvelle race.



 Les premiers géniteurs que j’ai utilisés ont été deux mâles Old English Bulldog et quatre chiennes Old English Bulldog. Ils ont été croisés avec des Bulldog Anglais de mon propre élevage. La première portée est née le 08/07/2001. Le père était un mâle OEB Birchwood’s Spike, la mère Bulldog Anglaise Lady Pinkarella. Plus tard on a utilisé une seule fois un mâle Bullmastiff. Du croisement avec une chienne CB, on a obtenu une portée très prometteuse avec des chiots très typés qui, adultes étaient certes au maximum de la taille (parfois légèrement en dessus), mais qui correspondaient par contre totalement aux critères anatomiques visés.



 Comme il fallait s’y attendre, les premières protées issues des croisements ressemblaient encore fortement à des Bulldogs Anglais, des OEB ou des croisés. Cependant plusieurs animaux se sont rapprochés du phénotype souhaité, à savoir un chien mobile à l morphologie correcte et doté d’une queue saine.



 Le 21/03/2004 à Gossau, 70 chiens ont été mesurés et évalués par le juge All Round Dr med. Vet. Jan Nesvadba, ils ont subi un examen médical et ont été expertisés en collaboration avec le Dr Hans Räber. Même si les chiens étaient encore très différents les uns des autres, surtout au niveau d eleur taille, on pouvait déjà remarquer de considérables progrès.



Sur la base de cette expertise, les chiens propres à la poursuite de l’élevage ont été inscrits à l’Annexe du Livre des Origines Suisse LOS A0…).



 Standard et fondation du Club.



 Comme on l’a déjà dit, le but de ces essais d’élevage étaient d’améliorer de façon importante la santé du Bulldog Anglais. Pour atteindre cet objectif, il fallait toutefois modifier le standard existant dont la compétence revient exclusivement au « The Bulldog Club Inc. » sis en Grande Bretagne. Il ne fallait cependant pas s’attendre à un soutien de ce côté-là puisque le Club avait demandé à l’English Kennel Club (lettre du 14/03/2003) d’intervenir auprès de la SCS pour qu’elle interdise la désignation de « Bulldog » pour ce nouvel élevage. Une telle interdiction n’était toutefois pas pertinente car le terme « Bulldog » désigne un type de chien déterminé, par analogie aux notions « Chien de Berger » ou « Chien d’arrêt » qui sot aussi utilisées pour différentes races.



 En 2002, le Dr Hans Räber a modifié le standard du Bulldog Anglais en rayant ou reformulant toutes les dispositions qui pouvaient donner lieu à une interprétation extrême de manière à ce que les excès d’hypertypes soient considérés comme des fautes. Ce premier projet de standard a été discuté et réglementé ultérieurement lors de plusieurs séances de la Commission de travail pour les questions d’élevage de la SCS. Finalement, on a abouti à un standard pour ne race nettement distincte du Bulldog Anglais pour laquelle le nom de « Continental Bulldog » a été admis comme correct et approprié.



 Par la suite le Club Suisse du Bulldog Anglais s’étant nettement distancé des essais d’élevage dans une lettre datant du 24/11/2004, plus rien ne s’opposait à la reconnaissance du standard de la « nouvelle race » par le Comité central de la SCS.



 Le 19/02/2005, le CC a approuvé le standard et a donc autorisé l’accès des chiens croisés qui avaient été enregistrés à l’Annexe du LOS aux expositions nationales et internationales en Suisse.



La reconnaissance d’un standard ne se conçoit pas sans la création d’un Club et l’élaboration d’un règlement d’élevage et de sélection. L’Assemblée constitutive du Club Suisse du Continental Bulldog a eu lieu le 05/12/2004 à Mägenwil et le 15/09/2005 le CC de la SCS a accepté le nouveau Club en tant que membre numéro 613 au sein de son Association et a approuvé ses statuts et son règlement d’élevage.



 Une commission d’élevage est chargée de veiller à ce que les objectifs d’élevage fixés soient atteints. Afin de garantir un jugement uniforme des chiens lors des expositions, de nombreux chies typiques ont été présentés aux juges du groupe FCI 2 le 03/02/2005 à Schöftlandet le standard a été appliqué en détail.



 Les Continental Bulldogs ont été présentés pour la première fois au public lors de l’exposition internationale à saint-Call.



 C’est dorénavant aux futurs éleveurs et aux juges de promouvoir la race et de faire en sorte que l’objectif soit maintenu, à savoir obtenir un Bulldog sain, sociable, de taille moyenne et jouissant d’une longévité remarquable.



 Objectif : Reconnaissance par la FCI



 Le 16/05/2004, Messieurs H.W. Müller, Président de la FCI, Pr Triquet, Président de la Commission des standards de la FCI et Pr Denis, membre de la Commission scientifique de la FCI ont examiné plus de 30 chiens chez Imelda Angerhn à Gossau. Tous ont émis un avis positif concernant les essais de croisement et ont encouragé les éleveurs à poursuivre dans ce sens.



Les organes compétents de la FCI sont sans doute conscients que l’actuel Bulldog Anglais ne peux plus satisfaire aux exigences de la protection des animaux et qu’une amélioration de la situation sanitaire est nécessaire à la survie de la race.



 Tous les documents nécessaires à la reconnaissance de cette race ont été déposés. Nous avons grand espoir que la FCI reconnaîtra la nouvelle race de Bulldog !



Conclusion



 C’est avec un grand plaisir et une immense satisfaction que nous pouvons aujourd’hui présenter un succès d’élevage que personne n’avait imaginé il y a encore 10 ans.



Les conseils avisés et professionnels des deux cynologues les Dr Räber et Nesvadba ainsi que ma grande expérience d’éleveuse ont largement permis d’atteindre notre objectif. Mais la nature a aussi apportée sa propre contribution inouïe. Il est impressionnant de voir avec quelle force originelle elle a réagi de manière positive à l’apport de sang étranger (hétérosis).



Plus de la moitié des chiots F1 présentaient déjà une queue longue, même si tout n’était pas encore parfait. Le nombre moyen de chiots par portée, qui était autrefois de 3, est rapidement passé à plus de 7.



 Pour le Dr Nesvadba, une dentition saine et complète, composée de belles dents puissantes, constitue à une des conditions essentielles de l’élevage. Il y accorde une importance capitale lors des sélections. Nos Contis ont de ce fait une dentition en règle générale très belle, saine et qui n’a plus rien à voir avec le « matériel de base » d’autrefois.



 La grande valeur généralement reconnue au Bulldog Anglais est son caractère, celui-ci devait absolument être conservé. C’est pourquoi une attention toute particulière a été accordée au comportement lors du choix des géniteurs étrangers, en plus de l’état sanitaire et du type.



Désormais, nous avons réussi, à partir d’un animal utilisé jadis pour le combat, à obtenir un chien de famille sain et câlin que l’in peut prendre partout avec soi.



 Le choix ciblé de géniteurs étrangers destinés à un croisement a souvent été difficile qui n’a pu être réalisée qu’e y consacrant beaucoup de temps et se rendant parfois chez des éleveurs très éloignés. C’est ainsi que des croisements ont eu lieu avec 5 animaux en provenance des USA, 2 d’Autriche, 2 de France, 5 des Pays-Bas, 2 d’Allemagne, 4 de l’ex RDA, 1 de Tchéquie et 1 de Belgique.



 Le chemin a été long et parsemé d’embuches. Au départ, certains membres influents du Comité central de la SCS se sont montrés très sceptiques. Fort heureusement, les raisons valables ont fait défaut.



Les Clubs du Bulldog Anglais européens et leurs éleveurs se sont massivement opposés au projet de nouvel élevage et ils l’ont critiqué chaque fois que l’occasion se présentait.



Messieurs Dr Räber, Dr Nesvadba et Otto Rauch (ancien Président de la CE) ont cru au projet dès le départ et c’est grâce à leur engagement que cette nouvelle race a pu voir le jour. En y consacrant énormément de temps et d’argent et malgré les multiples attaques subies, j’ai pu suivre ma vision et persévérer pour enfin obtenir un Bulldog sain.



 Si la reconnaissance provisoire du Continental Bulldog par la FCI aboutit, la SCS pourra être fière de s’être engagée avec clairvoyance pour la réalisation d’un type de chien sain et que la Suisse soit le pays d’origine de cette nouvelle race. La demande de chiots et les messages très enthousiastes des heureux propriétaires de Contis sont autant d’encouragements pour les éleveurs responsables qui peuvent ainsi poursuivre dans cette voie, sachant que cette nouvelle race répond à une demande certaine, voire une nécessité !!