Des Symphonies d'Arlequin

Des Symphonies d'Arlequin Bulldog continental

Bulldog continental

La socialisation du chiot : un apprentissage à ne pas négliger

Le chien est un animal qui est exposé à de nombreux stimuli (sons, situations, personnes, bruits, autres animaux) au quotidien. La socialisation est un processus au cours duquel le chiot se familiarise avec ses congénères et autres animaux (humain compris), à son environnement et aux nombreux sons, lieux, objets, textures (etc) qu’il côtoiera au cours de sa vie. C’est un apprentissage nécessaire à son futur bien-être et pour prévenir certains troubles comportementaux.

 


? Le rôle de la socialisation et la nécessité d’avoir peur

 


Durant période de socialisation, les chiots ne sont pas encore méfiants et la mère les guide dans la découverte de leur environnement. Ils se familiarisent avec des personnes, d’autres animaux, des bruits, des textures, des odeurs, des objets (stimuli)... Ils n’ont pas encore besoin d’avoir peur, car tout danger est écarté par la mère. Petit à petit, leur méfiance grandit et tout ce à quoi ils n’ont pas été habitués, peut être perçu comme une menace (qu’elle soit réelle ou non).



Un chiot doit rencontrer d'autres animaux



On peut facilement comprendre pourquoi la méfiance est importante; les animaux sauvages ne survivraient pas bien longtemps s’ils ne développaient pas une méfiance face à l’inconnu. Cette méfiance leur permet de s’informer afin de prendre une décision. Particulièrement quand la nouveauté est soudaine, intense ou parait très menaçante; la peur pousse l’animal à prendre une décision très rapide (fuir, se figer, se cacher, se battre); elle est donc une réaction normale qui est adaptative. Réagir face au danger (potentiel ou réel) est nécessaire à la survie.


Lorsque l’animal s’aperçoit que le danger n’était pas réel, la peur redescend rapidement. Par exemple, quelque chose tombe par terre, un chien prend peur et s’enfuit, puis il se rend compte qu’il n’est pas en danger et sort rapidement de cet état de peur.


 


? Développement du chiot et la période critique de socialisation

 


Lorsqu’un chiot naît, il est sourd et aveugle (ses yeux sont fermés). Il est donc surtout réceptif à la chaleur et au toucher, c’est pourquoi la mère le garde près d’elle. C’est un petit être très vulnérable qui ne peut pas encore réguler sa température corporelle tout seul. Le chiot apprend donc à crier s’il est isolé (car il commence à avoir froid), sa détresse pousse sa mère à le placer contre elle.


À partir de la deuxième semaine (environ), il ouvre les yeux, commence à entendre et à se mouvoir un peu plus. Il commence également à être sensible à ce qui l’entoure. C’est à ce moment-là qu’il entre dans la phase de socialisation. Il explore de plus en plus son environnement et il apprend à reconnaître ses congénères (et les humains ou autres animaux qui sont présents). A ce moment là, il commence à mémoriser ce qui est sans danger, c’est pour cela que c’est une période critique pour l’exposer à ce qui fera partie de sa vie, notamment les animaux et les humains. Comme il est peu méfiant, c’est sa mère qui assure sa sécurité s’il s’approche de quelque chose de dangereux. Sa capacité de méfiance commence à apparaître et augmente progressivement. La fin de la période critique de socialisation est située en moyenne autour de la 12e semaine, variant selon les individus ou les races.



Dès qu'il ouvre les yeux, le chiot commence à explorer son environnement



Si durant cette période le chiot vit dans un environnement très pauvre en stimuli, il est très probable qu’il développera une peur généralisée ou ce qu’on appelle aussi “le syndrome de privation sensorielle”. Ce qui peut aussi être problématique, c’est lorsqu’un animal est qui a été habitué à un environnement durant sa période de socialisation est placé dans un environnement totalement différent. Placez un chien qui a grandit en pleine campagne (et qui est très à l’aise dans cet environnement) en pleine ville, vous verrez ce dont je parle.


 


? Comment bien socialiser un chiot ?

 


Le travail de l’éleveur (ou de la personne avec lequel le chiot passe ses premières semaines) est extrêmement important. D’ailleurs, n’hésitez pas à partager cet article avec les éleveurs que vous connaissez. Cette personne doit à tout prix exposer le chiot à différents stimuli avant qu’il intègre votre foyer. Dans l’idéal, le chiot doit avoir été exposé à des personnes avec des physiques très différents, des chiens, des sons, des objets de la maison (ex: l’aspirateur), des lieux, l’eau, le vent, des bruits d’orage, etc. L’éleveur devrait également commencer à le manipuler physiquement (lui toucher les pattes, lui appuyer dessus doucement, lui soulever les oreilles, lui soulever la queue, lui mettre des petits bandages, lui mettre la main autour de la gueule).



Les chiots ont besoin d'explorer et de s'habituer à plein de textures et objets



Lorsque vous prenez le relais (généralement à 8 semaines), la période critique de socialisation est bien entamée. Il est donc essentiel de ne pas tarder à exposer le chiot à différents stimuli. En règle générale, les premiers jours après l’arrivée du chiot doivent être consacrés à son adaptation dans le nouveau lieu de vie et à l’aider à se remettre de la séparation avec sa mère* (ça fait déjà beaucoup d’informations à assimiler). Après, on peut commencer à l’emmener dans différents lieux, demander à des amis de venir lui dire bonjour (brièvement, pour que l’expérience reste la plus positive possible), jouer des sons étranges sur internet (ex: des chiens qui aboient, des sonnettes, des bruits d’orages, des marteaux piqueurs), lui présenter des chiens sympas de différentes races et tailles, etc.


*Pour l’aider à mieux vivre ces évènements, pensez à lui mettre un collier imprégné de phéromones apaisantes ou un diffuseur placé près de son couchage.


 


? Privilégier la qualité à la quantité

 


Quelles que soient les manipulations ou les expériences qui ont pour but de socialiser un chiot, elles doivent être positives et brèves. Ce n’est pas forcément le contact avec l’objet en question doit être positif, mais l’expérience du chiot au moment où cet objet apparaît. Si vous êtes en train de jouer avec votre chien ou que vous lui donnez une belle saucisse à mâchouiller, le bruit de l’orage sur CD joué en fond sera associé à une sensation très positive.


Votre chiot doit s’habituer à la nouveauté en douceur. Si vous le manipulez pendant des heures, vous risquez plutôt de faire le processus contraire à l’habituation : la sensibilisation (vous le rendez sensible au toucher > il n’aime pas ça). Le but est que votre chien associe l’expérience à des sensations très plaisantes (et chez les chiens, ça passe généralement par la nourriture). Si vous lui présentez tout le quartier en une après-midi, il risque d’associer les visites à quelque chose de négatif. Toutes ces expériences doivent être espacées (Voir paragraphe : attention à l’immersion).


Ce qu’il faut retenir, c’est que chaque rencontre peut influencer ses futurs comportements. Si le chiot se fait attaquer par un chat, il risque en avoir peur. Sans une autre rencontre positive, il risque de détester les chats. On peut tenter d’inverser la tendance en organisant plusieurs rencontres positives avec des chats. Malheureusement, c’est en grande partie l’isolation après une mauvaise rencontre qui fixe les peurs. Faites-bien attention à ne pas isoler votre chiot mais plutôt, d’organiser des contacts TRÈS POSITIFS pour contrer ce conditionnement.


 


? Attention à l’immersion

 


L’immersion est un processus par lequel un animal est exposé à un trop grand nombre de stimuli ou des stimuli trop intenses. Cela ne lui laisse pas la possibilité de gérer ses émotions et de s’adapter. Au contraire, cela peut générer des émotions négatives qui peuvent influencer son comportement et dans certains cas, créer des phobies. C’est pour cela qu’il est très important de privilégier la qualité à la quantité. Même si vous n’avez pas beaucoup de temps (quelques jours ou quelques semaines selon le chien), il vaut mieux faire des séances courtes plusieurs fois par jour, plutôt que de longues séances une fois par jour.


Veillez également à ce que le stimulus que vous lui présentez soit de faible intensité. Par exemple, le bruit d’orage joué sur internet doit être assez bas, ou l’aspirateur est présenté éteint plusieurs fois avant de l’allumer à côté du chien.



Texte Vox canis